- ARLETTY
- ARLETTYARLETTY LÉONIE BATHIAT dite (1898-1992)Née à Courbevoie, d’ascendance auvergnate, d’un père ajusteur et d’une mère blanchisseuse (ambiance et décors céliniens, ce qui explique l’amitié qui liera Arletty à Céline, dont elle enregistrera sur disque des passages de Mort à crédit ), Arletty est, avec Brigitte Bardot, la seule star du cinéma français. D’une star, elle a tous les caractères: la beauté, le charisme, la capacité d’attirer le public avec son seul nom, quelque médiocre que soit le metteur en scène. Guitry excepté, elle n’a tourné avec aucun metteur en scène de premier plan, mais sa présence seule suffit pour rendre mythiques les films (ceux de Carné par exemple) où elle apparut, ce qui distingue une star (Marlène Dietrich, Ava Gardner ou Bette Davis) d’une «grande actrice».Arletty débuta sur les planches en 1919, dans C.G.T. roi , une revue comme l’époque en vit apparaître beaucoup. Elle joua aussi dans plusieurs revues de Rip. Sa carrière théâtrale se prolongea jusqu’en 1966 (Les Monstres sacrés , de Cocteau). Son premier film date de 1932, et elle en interpréta un grand nombre avant la guerre, mais c’est en 1938, avec Hôtel du Nord , de Marcel Carné, qu’elle obtient son premier grand rôle. Elle y donne la réplique à Louis Jouvet et y joue un personnage qu’on la verra souvent interpréter à cette époque: celui d’une prostituée au grand cœur, pleine d’ironie, à la voix gouailleuse («Atmosphère, atmosphère!»), mais aussi tendre, fragile — et surtout d’une étonnante classe et d’une beauté irrésistible. Dans Fric-Frac (de Claude Autant-Lara, avec Michel Simon et Fernandel, 1939) et Circonstances atténuantes (de Boyer, avec Michel Simon, 1939) elle tiendra un rôle semblable, et le duo qu’elle forme avec Michel Simon fait de ces comédies faciles des œuvres d’anthologie mettant aux prises les deux monstres sacrés du cinéma français. Carné lui offre en 1939, face à Jean Gabin et à Jules Berry, le rôle d’une chanteuse de cabaret dans Le jour se lève ; elle y laisse apparaître une personnalité riche et secrète, beaucoup plus mystérieuse que ses premiers rôles ne le laissaient prévoir. Les Visiteurs du soir , du même réalisateur, sort en 1942: Arletty y est, dans un décor médiéval, une attirante et fascinante androgyne d’une beauté parfaite et énigmatique. Le film est inégal (il est sauvé par Arletty et Jules Berry) mais constitue déjà un hommage à Arletty et en quelque sorte la répétition générale de ce qui devait être un hymne à sa beauté et le plus grand film de Carné: Les Enfants du paradis (1945). Ce dernier film est une statue offerte à Arletty, destinée à la mythifier. Elle y est l’inoubliable Garance, pour qui de grands acteurs (Marcel Herrand, Pierre Brasseur, Jean-Louis Barrault) se déchirent dans le décor romantique du boulevard du Crime. C’est là son plus grand rôle, qui contient à lui seul tous les personnages qu’elle a précédemment interprétés: elle y est aussi fascinante et mystérieuse que dans Les Visiteurs du soir , aussi ironique que dans Hôtel du Nord , aussi pathétique que dans Le jour se lève .Pendant l’Occupation, sa liaison avec un haut gradé de l’armée allemande l’amène à fréquenter de près les milieux de la collaboration. Cela lui vaudra, à la Libération, bien des vicissitudes: prison, éloignement du théâtre et des studios. L’ultime partie de sa carrière est davantage tournée vers le théâtre (Un tramway nommé désir , 1949; La Descente d’Orphée , 1959) que vers le cinéma (Maxime , de Henri Verneuil, 1958). Elle arrête sa carrière en 1962 et reste aux yeux de tous la beauté sculpturale et parfaite des Enfants du paradis , qui figure parmi les grands hymnes cinématographiques offerts à la beauté d’une actrice transmuée en mythe.Arletty(Léonie Bathiat, dite) (1898 - 1992) comédienne française, interprète de M. Carné: Hôtel du Nord (1938), les Visiteurs du soir (1942), les Enfants du paradis (1945).
Encyclopédie Universelle. 2012.